Chasseurs Nagô du Royaume de Bantè

du 03/12/2011 au 21/04/2012

 

35 magnifiques portraits de chefs chasseurs Nagô du Royaume de Bantè, et 22 photographies de plantes, immortalisés par l’objectif du photographe belge Jean-Dominique Burton, proposent aux visiteurs, de plonger dans l’inconnu d’une promenade en forêt à la rencontre d’une fascinante culture.

L’approche de Jean-Dominique Burton est résolument positive, valorisant la richesse du patrimoine culturel de ces personnages méconnus et hors du commun. Il met et remet en lumière ces chasseurs Nagô, héritiers d’une tradition, avec une modernité éclatante, tant au niveau de sa technique photographique que dans sa vision personnelle, nous rappelant que nous ne pouvons savoir où l’on va sans savoir d’où l’on vient.

D’un regard, Jean-Dominique Burton immortalise cette culture et nous offre un portrait éternel et contemporain du Bénin.

 

Qui sont ces Chasseurs?

 

Les chasseurs Nagô du Royaume de Bantè, fondé au XIVe siècle, forment une confrérie, placée sous l’autorité d’un Roi traditionnel. Le Royaume est situé au cœur du Bénin, dans la Forêt de Bantè, région des collines. Chacun des vingt-sept villages composant le Royaume possède des Chefs Chasseurs. Aux dépens de la chasse au grand gibier, aujourd’hui abandonnée, les chasseurs se sont mués en acteurs essentiels de la préservation de leur environnement : par la défense de la forêt d’une part, par la protection de leur culture d’autre part. La chasse revêt un caractère solennel. Elle débute par des louanges, elle est rythmée par des chants. Les louanges, marque de respect précédent l’acte de chasse, sont autant spirituelles qu’adressées aux animaux eux-mêmes, avec lesquels les Chefs Chasseurs affirment communiquer.

Outre leurs fusils, ces derniers arborent un grigri et des habits voyants, tenue d’apparat réservée à la seule activité de chasse. Le grigri confère aux Chasseurs une invisibilité, d’où l’absence de camouflage. La communauté Nagô de Bantè pratique le Vodoun, un Vodoun centré sur Ogou, Divinité du fer. L’importance attachée à celle-ci repose sur la tradition de chasse de Banté, en référence à la nature matérielle des armes et munitions utilisées. Le Vodoun est à vrai dire omniprésent et ordonne la vie de la Communauté. À la mort d’un Chef Chasseur par exemple, le Bokonon, que l’on nommerait grossièrement un “devin”, consulte le Fâ afin de lui désigner un successeur. C’est donc l’art divinatoire qui désigne et confère à un Chef Chasseur la puissance de son prédécesseur, non le Roi ou quelque autre autorité administrative. Dépositaires d’une tradition intimement liée à leur environnement, ils conservent notamment une connaissance exceptionnelle de traitements à base de plantes médicinales.

Les Chasseurs Nagô de Bantè disent aujourd’hui regretter l’époque où par tradition, ils pensaient les ressources de leur Forêt inépuisables. Il y a eu à Bantè un basculement culturel étonnant, une prise de conscience d’un déséquilibre global causé par la pratique excessive de la chasse, ce que l’on retrouve d’ailleurs aujourd’hui dans les chants et les récits des chasseurs. À l’abandon de la chasse intensive au grand gibier correspond le retour des grands mammifères tels que les buffles, les phacochères, les biches et les lions. Si la pratique de la chasse persiste, en particulier la chasse au petit gibier, elle semble être pensée de manière durable, du moins si l’on traduit cette pratique en vocabulaire contemporain. Les Chefs Chasseurs n’ont cependant en rien perdu leur importance sociale et culturelle au sein du Royaume de Bantè. Au contraire, ils sont autant chasseurs que protecteurs, régulateurs.

 

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