du 16/09/2013 au 01/03/2014
Avec « Gérard Quenum-rupture », la Fondation Zinsou a délibérément choisi de présenter le travail de Gérard Quenum à travers une scénographie fluide et légère, permettant ainsi aux visiteurs de s’approprier directement l’univers de cet artiste d’exception et de prendre pleinement conscience de la rupture qui existe entre ses débuts et ses peintures plus récentes.
A son arrivée, le visiteur fait connaissance avec « Gérard Quenum-rupture » dans un espace plutôt figuratif, réservé à la thématique des transports en commun. Ce thème, très présent dans l’œuvre de l’artiste, symbolise le déplacement et le mouvement, faisant référence aussi bien à ses séjours londoniens avec « Taxi Londres », 2013, qu’au Bénin et à l’Afrique avec « Taxi brousse », 2013 ou encore « Le Bus de la Fondation », 2013.
Au 1er étage, un espace dédié à une rétrospective chronologique (2006-2013) des peintures de Gérard Quenum met en évidence cette rupture entre les œuvres de ses débuts et celles plus récentes.
L’utilisation des couleurs et de l’espace ainsi que son style ont évolué au fil des années et des rencontres même si ses sujets d’inspiration restent assez semblables. Néanmoins, ses œuvres récentes révèlent plus une émotion ressentie ou une atmosphère qu’un sujet d’actualité polémique comme cela pu être le cas avec des œuvres plus anciennes telles que « L’état du monde ».
L’artiste dit avoir changé son positionnement par rapport à son travail, passant d’acteur s’identifiant au sujet dans ses premières œuvres, à observateur dans ses œuvres récentes.
A ses débuts, Gérard Quenum travaille avec des couleurs plutôt sombres dont il recouvre la toile. Ses représentations humaines sont très expressives, flirtant avec un style enfantin, revendiqué, aux lignes courbes.
Au fil du temps, notamment depuis sa rencontre avec l’œuvre de Jean- Michel Basquiat en 2007, sa palette chromatique s’est réduite, et l’on peut remarquer l’utilisation du noir et des couleurs primaires. Les figures humaines ont gardé leurs courbes mais se déploient différemment sur la toile.
Pour ses œuvres les plus actuelles, Gérard Quenum continue à explorer ce style tout en évoluant toujours et encore. Les couleurs disparaissent pour laisser la place au noir. Les figures représentées sont des silhouettes noires, peu nombreuses, n’occupant plus qu’une partie de la toile, qui se décomposent et se transforment telles des ombres. Gérard Quenum décrit sa peinture comme faites d’images fantômes et d’ombres qui transmettent par leurs formes, les émotions qu’il ressent au moment où il peint :
« J’ai voulu représenter des images, mais c’est des images un peu fantômes, en fait […] c’est des ombres que je représente ».
Ce n’est que récemment, avec son travail sur les « ombres », que l’artiste a commencé à utiliser des pinceaux afin d’être plus précis. Auparavant il peignait avec ses mains, technique qu’il juge plus efficace pour recouvrir les surfaces.