Hector Sonon

du 18/02/2013 au 14/08/2013

 

La Fondation Zinsou présente au public béninois, à partir du 18 février 2013 dans l’espace muséal de la Fondation Zinsou le travail prolifique d’un artiste béninois passionné et engagé : HECTOR SONON.

Dessinateur, caricaturiste, illustrateur, bédéiste, Hector Sonon revendique toutes ces identités artistiques sans distinction. Il est et se nourrit de tout cela.

Hector Sonon rêve de devenir écrivain, journaliste… Il sera ARTISTE, utilisant comme média d’expression le dessin sous toutes ses formes.

Ce choix déterminé, réfléchi, affirmera dès ses premiers coups de crayon, ce qu’il deviendra plus tard : un artiste engagé.

« Je pense qu’un artiste est un éveilleur de conscience. Etre artiste n’est pas seulement « faire du beau ». L’artiste fait parti du peuple, mais il a quelque chose que tout le monde n’a pas ; une façon de voir les choses… Quand on regarde dans l’histoire du monde, les artistes engagés ont joué beaucoup de rôles. »

Un engagement qui prend toute sa dimension dès le début de sa carrière à la fin des années 80, en tant que dessinateur de presse et le guidera dans ses choix professionnels aussi bien pour l’illustration jeunesse, que pour les thèmes de ses bandes dessinées.

L’exposition

 

Accueilli par les séries « Cotonou » et « Jazz », le visiteur fait connaissance avec Hector Sonon à travers deux thèmes qu’il aime croquer, dessiner.

« Cotonou », la ville où il vit et travaille ; esquisses monochromes d’une vie quotidienne colorée, chaleureuse et drôle de cette Afrique qu’il aime tant…

« Jazz », univers qu’il découvre avec le film « Ray », réalisé par Taylor Hackford en 2005,  en hommage à Ray Charles et qui marquera son imaginaire.

« Je me suis documenté sur le jazz et le blues ; j’ai appris à dessiner les instruments, j’ai observé la manière dont chacun se tient, joue. J’avais besoin de ces détails pour que mes dessins paraissent réels »

« Un musicien avec une guitare, ça me touche ! »

Ces 2 séries sont sublimées par l’utilisation du noir et blanc, faisant référence à sa technique de caricaturiste de presse mais aussi et surtout à sa vision d’un monde où les extrêmes engendrent une complémentarité indissociable. Au 1 étage, un espace dédié à Hector Sonon, le bédéiste.

Autodidacte, Hector Sonon affine sa plume au gré de formations, au contact de grands dessinateurs dont certains tels que Jacques Loustal, P’tiluc ou François Boucq ont nourri l’évolution de son œuvre.

« Zinsou et Sagbo », premier album de bande dessinée au Bénin, auto édité par l’artiste en 1989, « Les couleurs de la Mémoire », saga historique sur l’esclavage au 18ème siècle, écrit en collaboration avec Florent Couao-Zotti, « Koffi AZE », bande dessinée politique caustique et hilarante parue en 2009 chez Star Edition au Bénin.

« Toubab or not toubab », son dernier album, reconnaissance internationale du 9Art édité en France chez Rivages/Casterman/Noir, se lit comme un véritable roman picaresque imagé, retraçant le parcours chaotique dans les rues d’Abidjan, d’un « gamin » qui s’accroche, malgré tout à son rêve.

De bulles en vignettes, la Fondation Zinsou amène le public sur le chemin de la création d’une bande dessinée à travers les premières planches de « Toubab or not toubab ».

En quittant la bande dessinée, le visiteur découvre ce qu’Hector Sonon appelle « son péché mignon » : la caricature de presse.

Ses premiers coups de crayons, Hector Sonon les donne à la « Gazette du Golfe », un des plus grand quotidien indépendant du Bénin, en 1987, puis dans un journal satirique « Le canard du Golfe » alors que la presse est censurée. A cette époque, il découvre l’importance de la caricature de presse sur la transition démocratique, l’influence de ses dessins sur l’opinion publique. Son engagement devient une évidence et une conviction qu’il affirme lors de son séjour au Togo de 1993 à 1995 auprès de son confrère togolais Olivier Egloh, qu’il soutient malgré la pression politique.

Définitivement marqué par cet engagement, qu’il vit comme un devoir face aux autres mais avant tout face à lui même.

« Aujourd’hui, beaucoup de journaux ne savent pas d’où nous sommes venus. Derrière la liberté de la presse actuelle il y a des gens qui se sont sacrifiés, des journalistes étaient arrêtés, emprisonnés, tués. Et malheureusement, quand je lis nos journaux aujourd’hui, je suis déçu de voir ce que l’on fait de cette liberté de presse. Les journalistes s’étonnent aujourd’hui que les gens ne lisent plus la presse. Si la presse béninoise ne s’achète plus comme avant, c’est parce que les gens ne retrouvent plus dans ces journaux ce qu’ils cherchaient. Lorsqu’on cherche des informations justes, on ne les trouve plus dans la presse. Malheureusement, avant notre démocratie était toujours citée comme modèle, mais aujourd’hui la liberté de parole existe dans les textes mais pas dans les faits. »

Pour finir cette rencontre avec Hector Sonon, la Fondation Zinsou invite le visiteur à appréhender deux univers : l’illustration jeunesse  avec différents albums tel que « Mais qu’est ce qu’il y a Dodo ?”, « Afi et le tambour magique » et une série inédite à l’aquarelle et à l’encre de chine : « Les femmes d’Hector »

A l’aquarelle ou à l’encre de chine, les dessins d’Hector Sonon, fascinent, divertissent, interpellent, revendiquent sans jamais oublier de nous rappeler l’engagement de cet artiste passionné.

 

Bio

 

DAMIEN HECTOR SONON (dessinateur, illustrateur, bédéiste)

Né en 1970 à Cotonou (Bénin), il commence sa carrière en tant que dessinateur de presse en 1987, il est alors caricaturiste dans l’hebdomadaire béninois « La gazette du golfe ». De 1988 à 2006, il sert la presse à travers différents journaux : « Tam-Tam Express », « Kpakpa Désenchanté » (Togo), « Le canard du Golfe », « Adjinakou », « Le canard déchaîné » et « Le caméléon ».

Lorsqu’il débute dans la presse, le régime béninois est sous contrôle militaire et la presse est régulièrement censurée. « La gazette du Golfe » est alors le premier journal indépendant privé au Bénin, face au seul journal officiel de l’Etat : « Ehuzu ».

Puis, il commence à illustrer des albums jeunesse et enfin, se met à la bande dessinée qui devient rapidement son domaine de prédilection et dans laquelle il s’illustre en éditant en 1989 la première bande-dessinée du Bénin « Zinsou et Sagbo ».

Le Bénin étant dépourvu d’Ecole des Beaux-Arts, Hector Sonon apprend d’abord « seul ». Puis, après plusieurs ateliers de formation au Bénin, il part en Belgique en 1997 à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles pour se perfectionner. Suivent alors différents stages à Saint-Luc, toujours en Belgique, où il rencontre des illustrateurs tels Loustal, Jano, P’tiluc.

Présent dans de nombreuses expositions, salons et festivals, Hector Sonon reçoit en 1998 le « Prix Découvertes » aux « Journées Africaines de la Bande Dessinée » de Libreville. Il obtient également le Premier prix « Africa e Mediterraneo » 2007-2008, pour son projet « Darfour ». Invité au « Festival International de la bande-dessinée d’Alger » (FIBDA) en 2009, il participe à l’album collectif « La bande dessinée » conte l’Afrique. Avec la parution en 2012 de « Toubab or not toubab », il signe son premier album édité en France et reçoit le « Prix du Meilleur Dessin » au FIBDA.

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